Party Girl de Marie Amachoukeli, Samuel Theis et Claire Burger en 2014, Divines de Houda Benyamina en 2016, et cette année, Jeune femme de Léonor Serraille. En quatre ans, Cannes, le plus grand festival de cinéma du monde, a attribué trois fois la Caméra d’or (prix du meilleur premier film) au jeune cinéma français. Ces distinctions mettent en lumière le talent de ces jeunes auteurs et font rayonner la culture française au-delà de nos frontières.

Pourtant, ce sont justement les premières œuvres et les projets les plus audacieux, ceux sur lesquels il est le plus risqué de « parier », qui sont aujourd’hui grandement fragilisés, jusqu’au seuil de la précarité pour certains.

Année après année, les financements privés, principalement issus des chaînes de télévision, se sont raréfiés, se portant d’abord sur les auteurs déjà reconnus, les valeurs les plus sûres, les genres les plus porteurs.

Pour un petit nombre de films, aisément identifiables, et souvent emblématiques en termes de création, l’impact est redoutable. L’absence d’une chaîne de télévision en pré-financement – ou la faiblesse des montants proposés – génère presque automatiquement une majorité de financements publics, plafonnés à 60% pour les films à petit budget. L’absurdité du système pousse ces films à renoncer à certaines aides, notamment au crédit d’impôt.
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Ce constat est inacceptable. Pourtant, la solution est simple : autoriser un maximum de 70 % d’aides publiques dans le budget de ces films. Rappelons à ce titre que la législation française est la plus dure d’Europe.

Il n’y aura pas d’« appel d’air », mais la modification de cette règle permettra juste aux œuvres de se faire dans de meilleures conditions. Son coût financier est marginal, au regard de son efficacité artistique et économique, d’autant que très peu de films sont concernés.

Pour les cinéastes émergents, dont les projets ont été choisis pour leurs qualités artistiques par des dispositifs extrêmement sélectifs (par exemple l’avance sur recettes du CNC), le plafonnement des aides publiques affecte violemment la fabrication, l’imaginaire, l’ambition artistique et visuelle des projets : équipes techniques réduites, figuration inexistante, temps de tournage de plus en plus contraints, scénarios élagués…Cette précarisation s’étend sans cesse et bride l’éclosion d’une nouvelle génération d’auteurs, d’acteurs, de techniciens.

L’engagement de Mme Françoise Nyssen aux côtés des créateurs est connu : elle affirmait encore récemment qu’« il n’y a jamais trop de création », que « ce dynamisme est une force dans un monde ouvert ».

Alors que les débats sur le projet de Loi de finances se poursuivent, l’occasion vous est donnée, Madame la Ministre, d’assurer une plus grande égalité entre les films face au crédit d’impôt, un dispositif fiscal qui devrait être ouvert à tous, sans aucune exception.
Nous attendons une action rapide et volontaire, pour mettre fin à ces années d’immobilisme sur le sujet.

Premiers Signataires (scénaristes, réalisateurs, producteurs) :

Marie AMACHOUKELI, Guillaume ANDRE, Nicolas ANTHOME, Rosa ATTAB, Jacques AUDIARD, Toufik AYADI, Olivier BABINET, Christophe BARRAL, Emmanuel BARRAUX, Jamal BELMAHI, Lucas BELVAUX, Laurent BENEGUI, Julie BERTUCCELLI, Sébastien BETBEDER, Mathieu BOMPOINT, Bertrand BONELLO, Pascal BONITZER, Florence BORELLY, Claudine BORIES, Guillaume BRAC, Jean BREHAT, Emilie BRISAVOINE, Cyril BRODY, Fanny BURDINO, Martine CASSINELLI, Pascal CAUCHETEUX, Patrice CHAGNARD, Malik CHIBANE, Patric CHIHA, Pierre CHOSSON, Catherine CORSINI, Bénédicte COUVREUR, Amélie COVILLARD, Sandra DA FONSECA, Eve DEBOISE, Claire DENIS, Tom DERCOURT, Fabianny DESCHAMPS, Thierry DE PERETTI, Agnès DE SACY, Alice DIOP, Didar DOMEHRI, Christine DORY, Bertrand FAIVRE, François FARELLACCI, Léa FEHNER, Philippe FERNANDEZ, Pascale FERRAN, Laurence FERREIRA BARBOSA, Sophie FILLIERES, Denis FREYD, Marielle GAUTHIER, Yann GONZALEZ, Olivier GORCE, Bertrand GORE, Diego GOVERNATORI, Emmanuel GRAS, Eugène GREEN, Robert GUEDIGUIAN, Katell GUILLOU, Joana HADJITHOMAS, Laurent HERBIET, Nathalie HERTZBERG, Raphaël JACOULOT, Agnès JAOUI, Thomas JENKOE, Cédric KLAPISCH, Svetlana KLINYSHKOVA, Héléna KLOTZ, Nadine LAMARI, Alexandre LANÇA, Laurent LARIVIERE, Sébastien LAUDENBACH, Guillaume LAURANT, Laurent LAVOLE, Pierre-Emmanuel LE GOFF, Benjamin LEGRAND, Marie-Ange LUCIANI, Gaëlle MACE, Lise MACHEBOEUF, Gladys MARCIANO, Tonie MARSHALL, Philippe MARTIN, Marie MASMONTEIL, Béatrice MAUDUIT, Edouard MAURIAT, Muriel MERLIN, Frédéric MERMOUD, Nathalie MESURET, Jonathan MILLET, Valérie MINETTTO, Nathalie NAJEM, Ioanis NUGUET, Mariana OTERO, Emmanuel PARRAUD, Héloïse PELLOQUET, Elisabeth PEREZ, Julie PEYR, Nicolas PHILIBERT, Sylvie PIALAT, Caroline POCHON, Miléna POYLO, Fabrice PREEL-CLEACH, Benoit QUAINON, Katell QUILLÉVÉRÉ, Lola QUIVORON, Frédéric RAMADE, Colas RIFKISS, Mathias RIFKISS, Vincent ROGET, Marcia ROMANO, Christian ROUAUD, Anna ROUSSILLON, Christophe RUGGIA, Gilles SACUTO, Pierre SALVADORI, Julien SAMANI, Régis SAUDER, Céline SCIAMMA, Idir SERGHINE, Marianne SLOT, Patrick SOBELMAN, Christian SONDEREGGER, Grégoire SORLAT, David THION, Anne-Louise TRIVIDIC, Cécile VARGAFTIG, Gérard VAUGEOIS, Florence VIGNON, Isabelle WOLGUST, Rebecca ZLOTOWSKI.

Paris, le 22 Novembre 2017