_ Monsieur le Président de la République,

Au moment où les réflexions sur l’avenir de l’audiovisuel public occupent tous les esprits, une question ne nous semble pas suffisamment abordée : quelle place sera donnée à la création dans cette réforme ambitieuse ?

Il est, selon nous, primordial qu’une véritable stratégie en faveur d’une création de qualité soit développée et que le service public de l’audiovisuel soit le lieu central de la rencontre des créateurs et des publics.

L’audiovisuel public doit parier sur la diversité, la créativité, le dynamisme et l’audace de la jeunesse. La place réservée au court métrage doit donc être centrale dans le futur audiovisuel public.

Le court métrage est une œuvre de moins de 60 minutes. Ce territoire d’expérimentation produit chaque année les œuvres les plus originales, les plus libres et les plus inventives du paysage audiovisuel et cinématographique. Il est aussi un lieu de l’émergence des jeunes talents. Il n’est pour l’heure présent qu’à travers 2 émissions diffusées après minuit sur les antennes de France Télévisions.

Aujourd’hui, investir dans le court métrage, c’est changer le rapport du service public à la jeune génération.

Le court métrage est la « tête chercheuse », le secteur « recherche et développement » du cinéma, et, plus largement, de l’audiovisuel et des nouveaux médias. Son économie permet de véritables innovations et expérimentations, en termes visuel, narratif et esthétique.

Le court métrage joue ainsi un véritable rôle d’incubateur de talents. Il permet aux jeunes professionnels – auteurs, artistes, producteurs, techniciens – de faire leurs premières armes, de tester des formes nouvelles et d’irriguer de leurs idées les filières audiovisuelles et cinématographiques.

En termes d’audience, il permet, dans un effet miroir, de rajeunir l’age moyen des téléspectateurs, comme l’illustre la jeunesse du public qui se presse dans les salles bondées des festivals de Clermont Ferrand, d’Annecy ou de dizaines d’autres festivals en France.

Par sa durée, il s’adapte parfaitement aux nouveaux usages du public en termes de visionnage des œuvres, notamment sur les plateformes délinéarisées. Le court métrage permet ainsi de conquérir de nouveaux publics, qui tendent de plus en plus à s’éloigner de la diffusion linéaire des œuvres.

Anne Bennet écrivait, dans son rapport sur le court métrage en novembre 2015 : « dans un paysage audiovisuel et cinématographique extrêmement mouvant, le court métrage est un segment qui nécessite une attention particulière, tant du fait de sa fragilité économique, que parce qu’il est un vecteur essentiel du renouvellement des talents et du tissus productif de la filière. »

La reconnaissance du court métrage sur France Télévisions, que ce soit à l’antenne ou en télévision de rattrapage, nous apparaît donc comme une priorité.

Elle permettra à l’audiovisuel public de se démarquer fortement des autres télévisions, en pariant sur l’excellence, l’intelligence, le dynamisme et le talent.

Nous sommes prêts à vous rencontrer, ainsi que les équipes de France Télévisions, pour vous présenter nos propositions concrètes sur le sujet. Certains qu’elles retiendront votre attention, nous vous adressons, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.

Le ROC

Le ROC rassemble l’AFCA, l’Agence du court métrage, Carrefour des festivals, la Maison du film, Sauve qui peut le court métrage, le SFA-CGT, le SPI, la SRF, et s’attache à garantir la pérennité et la diversité de la création et de la production des œuvres de format court, notamment en termes de financement et de diffusion.

Pièce jointe : Plateforme de propositions sur la réforme de l’audiovisuel public

Contacts presse :

SPI – Cyril Smet – 01 44 70 70 44

SRF – Bénédicte Hazé – 01 44 89 99 70